Cercle prospective Le scénario compétitif et « pac-compatible » pour produire 42 Mt de blé
Le Cercle prospective des filières agricoles et alimentaires prodigue la stratégie à suivre pour que la France, premier producteur européen de blé, reste compétitive vis-à-vis de ses partenaires de l’Union et sur les marchés mondiaux. Le scénario « souhaité » par les membres du think tank créé en 1995 à l’initiative de Basf, donnerait aux céréaliers les moyens de compenser la diminution, à partir de 2015, des aides Pac.
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Par ailleurs, le scénario préféré par le Cercle prospective s’inscrit aussi, dans la logique d’agriculture écologiquement intensive et économiquement performante acceptacle par le Cercle de prospective puisqu'il reposerait sur un effort de recherche et sur la nécessité de généraliser l’agriculture de précision. Avec comme objectif, gagner au final 9 q/ha de rendement supplémentaire par an d’ici 2022.
« A raison d’un gain annuel de productivité de 2 %, c’est plus de 20 % en dix ans, soit 40 à 80 €/ha d’économies pour des charges de mécanisation comprises entre 200 et 400 €/ha selon les systèmes de production », soulignent les experts du think tank. De même, comme la réduction de la consommation d’intrants (énergie et azote) et les nouvelles contraintes générées par le changement climatique sont inéluctables, c’est aussi la recherche qui donnera les moyens de préserver le potentiel de rendement des blés cultivés grâce à une offre variétale plus performante.
Mais ces efforts supposent aussi la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la société prêts à reconnaître le rôle de l’innovation génétique.
Le scénario « souhaité » suppose aussi une nouvelle approche de la réglementation environnementale en rentrant dorénavant dans une logique de résultats, autrement dit en mobilisant les moyens pour atteindre des objectifs écologiques fixés par les pouvoirs publics plutôt qu’en imposant toujours de nouvelles contraintes. Or cette démarche ne peut être envisagée que par une approche territorialisée des problèmes et non plus arbitraire, déconnectée des réalités du terrain. Les emprises de terres agricoles dans les zones protégées seraient ainsi moindres (zonages limités), préservant ainsi le potentiel de production de céréales de la France.
Trois scénarios présentés
En fait, le scénario « souhaité » par le Cercle prospective des filières agricoles et alimentaires fait partie d’une trilogie présentée le 10 octobre dans un document de synthèse portant sur « les dynamiques prospectives majeures de la compétitivité de la production de blé ». Les trois scénarios « tendanciel » et « redouté » en plus du « souhaité » décrits dans ce document sont ainsi le résultat d’une réflexion conduite depuis deux ans par ce think tank créé en 1995, à l’initiative de Basf. Très discret, il a cependant souhaité, pour la deuxième fois depuis sa création, rendre public ses travaux de réflexion pour montrer que la filière céréalière française et le gouvernement sont face à des choix déterminants. Ils conditionnent, selon les cinquante experts issus de l’industrie de l’agroalimentaire et de la profession agricole, l’avenir d’une filière d’excellence et les 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel à l’export.
« Les céréales sont une chance pour la France », défend le Cercle prospective. Et le scénario « souhaité » semble tout à fait compatible avec les orientations de la politique du gouvernement à condition qu’il s’en donne les moyens. « Or le projet de loi d’avenir pour l’agriculture ne comporte aucune mesure sur la recherche et l’innovation, déplore Rémi Haquin, agriculteur et président du conseil spécialisé "Céréales" à FranceAgriMer.
Le deuxième scénario « tendanciel » de la trilogie du Cercle prospective s’inscrit dans « le verdissement des politiques agricoles et dans le renforcement des contraintes environnementales ». « La compétitivité de la filière blé face aux concurrents décline avec notamment les conséquences des choix de production sur la qualité de blés meuniers », soutiennent les auteurs de l’étude du think tank. La France n’échapperait pas alors à une baisse des rendements générant une diminution de son potentiel de production de 1 à 1,5 Mt.
Certaines régions pourraient renoncer à produire du blé
Quant au troisième scénario « redouté », il parait tout à fait réaliste « si la pression écologique domine l’opinion publique avec une recherche et des innovations refusées qui ne permettraient pas de satisfaire à la fois la productivité et la conversion écologique ». Ce scénario conduirait immanquablement à une baisse de la production de blé de 8,5 à 11 millions de tonnes d’ici 2022 et à une réduction du potentiel d’exportation à moins de 10 Mt. L’excès de réglementation environnementale pourrait même conduire certaines régions à renoncer à produire du blé de qualité meunière faute d’épandage d’azote suffisant.
En fait, le modèle inhérent à ce troisième scénario de production le plus écologique des trois serait en fait le plus vulnérable au changement climatique et à l’augmentation du coût de l’énergie. Aussi, le recours à des semences de fermes et à une recherche réorientée vers la rusticité au dépens du rendement conduirait d’ici 2022 à des pertes de rendements de 3 à 4 q/ha auxquelles s’ajoutent celles générées par les contraintes imposées sur l’utilisation de produits phytosanitaires et d’engrais puis par le changement climatique. Paradoxalement, le désherbage mécanique générera une hausse des charges de mécanisation accentuée par une hausse considérable du prix de l’énergie. Le doublement du prix de l’énergie pourrait ainsi induire une augmentation des charges de 250 €/ha.
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